Mercredi Photographique #36 – 28 juin 2017 – 18h00 / 22h30 – Le Hangar en Bois – 17, rue Vieillard, Bordeaux

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Mathieu Coquerelle : Réinstallations / Exposition

© Mathieu Coquerelle

La série “Réinstallations” présente un ensemble de photos prises au Vietnam lors d’un voyage. À travers celles-ci, j’ai voulu retranscrire ma perception d’un pays en (re)construction, avec les scènes – et parfois les clichés – qui accompagnent les trajets touristiques. Les constructions nouvelles côtoient les bâtisses abandonnées qui elles-mêmes jouxtent les édifices anciens, parfois retapés pour les rendre viables, parfois conservés pour le patrimoine. Et au cœur de ces structures vit un peuple et grouillent les touristes à la recherche d’un dépaysement, d’une authenticité, ensemble comme des abeilles dans une ruche.

Yohan Terraza

La Nuit / Projection 

Cdanslaboite mercredi photographique bordeaux métropole gironde nouvelle aquitaine Yohan Terraza

Il me semble que la première fois où j’ai réellement « vu » la nuit, je devais avoir 7 ans. Mon père m’emmenait au vidéo club non loin de la maison où je louais souvent les mêmes films ce qui était le cas avec L’histoire sans fin. Sorti en 1984 au cinéma, ce film raconte la vie d’un enfant rêveur, harcelé par ses camarades de classe et qui aimait à se réfugier dans les livres et les histoires. Un beau jour, il tombe sur L’histoire sans fin, un livre orné d’un médaillon chez un vieux libraire de quartier. La lecture de cet ouvrage lui donnera l’occasion d’être lui-même à travers Atreyu, personnage central du livre et dont Bastien sera à la fois narrateur et acteur du récit.
Il y avait dans ce film un je-ne-sais-quoi de fascinant pour l’enfant que j’étais. Une aventure épique variée et longée de hauts et de bas. Des paysages qui auraient presque inventé la contemplation, une approche directe de la perte d’un être cher ou encore une simple métaphore de l’encrage dans un présent qu’on souhaiterait à la hauteur des injustices passées.
Et puis il y avait ce passage. Quelques minutes, ô combien importantes, où le sol se retrouvait éclairé comme en plein jour avec malgré tout une voute étoilée. L’éponge que j’étais a tout de suite absorbé l’émotion relative de ce qui incarnait pour moi l’allégorie de la plénitude et de l’émerveillement. Ce film est une histoire de chemin de vie. J’aime ces histoires. L’accomplissement est le bouclier de chacun face à la douleur des doutes.

[…] J’aime la nuit car elle m’appartient le moment où je mets la clé dans la porte de sa pudeur. J’aime la restituer à elle-même quand je rentre chez moi avec des photographies que je n’ose pas regarder avant d’avoir le temps de les voir.
Je restais maitre des choses. Je croyais pouvoir me passer de la lune et de ses solutions car oui, la lune est la solution à ce que mon inconscient de gamin cherche toujours à trouver : le rêve d’un enfant dans la réalité d’un adulte. Je n’y pense jamais sur l’instant mais je crois que c’est à ce moment là que je me tiens par la main. Je deviens alors mon propre père et je contemple des choses que je ne souhaiterai jamais comprendre. C’est la lune la clé de cette vision de jeunesse transformée avec toute la maturité dont je peux faire preuve aujourd’hui. C’est la nuit et la lune qui m’ont donné la permission d’explorer un terrain de jeu dont j’avais émotionnellement ressenti les nuances dans un rêve éveillé de gamin secoué par les tempêtes d’une vie trop inquiétante pour lui.
Le mieux avec nox, c’est son silence absent de toute vanité, cet encéphalogramme doucement ondulé berçant chaque pensée avec la grandeur qu’elle mérite. Chez moi, la nuit a un parfum de pin et de vent frais. Ailleurs elle peut sentir la pierre ou le vertige. Il fallait que j’écrive sur elle, que je parle un peu d’elle car à trop la contempler et jouer de mon interprétation noyée sur sa portée, j’en oublierais presque l’essentiel. C’est à travers ces moments de flottaison entre des pieds désormais bien ancrés au sol et un ciel aux multiples ancêtres, que j’ai compris à quel point j’avais besoin d’être le maitre de mon bruit intérieur. La compréhension ne fait pas tout mais elle permet de savoir où diriger ses efforts.
La nuit me parle de souffle, de silence et du bruit des étoiles avec une noirceur bien à elle et m’offre une place parmi cette coda de nébuleuses.

The Faceless / Exposition

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© Yohan Terraza

Là où l’homme fuit plutôt que de tendre l’oreille, se trouve l’air dans toute sa pureté, porteur des saveurs de vie et de la volonté d’existence. Froid, dense, hermétique, foudroyé de peur par l’absence d’écoute, voilà de quoi tentait de parler l’air que seul le vent savait traduire. Il est un fauve qui n’apprend pas la considération car rien ne se trouve au-dessus de lui, hormis le Temps lui-même. Il reste admirable de grandeur et nous ne pouvons que tenter une approche ramenée à nos considérations humaines pour en dégager une prose, un fantasme que nous souhaiterions palpable. Là où le vent ne se voit pas, le Sans Visage s’exécute, telle une créature accouchée dans la tourmente des vents. Un dialogue entretenu entre l’homme et le vent, une volonté de ce dernier de demander des comptes à celui qui ne sait pas entendre ses exigences.
Le vent raconte le destin de celles et ceux qui savent se le mettre à dos plutôt que de lui tenir tête.

Pour le reste, il est le reflet de la plus pure et glaciale violence intemporelle, vociférant mort et rage dans ces immensités insondables.
C’est de cette souffrance dont il y a beaucoup à dire.

Cette série a été réalisée en Écosse en collaboration avec la danseuse de ballet Alice Leloup de l’Opéra National de Bordeaux. Alice a la patience qui me fait défaut, de part son métier peut-être, de part sa nature assurément. Les conditions météo particulièrement laborieuses ainsi que les difficultés techniques sur le terrain ont rendu pénible la réalisation de ce travail, collaboration entre les qualités humaines d’une sage inventive, d’une nature dont les colères sont autant de monologues aux abonnés absents de la Nature, et d’une inspiration musicale : car « THE FACELESS » est avant tout largement inspiré par la musique post-black, notamment par le groupe Astronoid. Une musique qui pourrait sembler loin de ce que raconte ces photographies mais dont je ne peux nier l’inspiration « coup de poing » et dont il n’est pas nécessaire de chercher la justification autrement que part l’impact émotionnel qu’elle a suscité chez moi. Il était primordial que le modèle soit sans visage, déshumanisé, personnifiant « l’être », la volonté de l’homme à ne pas savoir flâner devant ses incompréhensions. Mais à la croisée d’une humanité et d’une nature dont nous forçons la déroute, notre intellect n’a jamais su savourer sa supposée grandeur autrement qu’en se comparant à lui-même.

http://www.yohanterraza.com

Marina Tolstoukhine

Autour (2017 ) / Exposition

Cdanslaboite mercredi photographique bordeaux métropole gironde nouvelle aquitaine © Marina Tolstoukhine

© Marina Tolstoukhine

Assistant à l’urbanisation galopante de la région où je vis au quotidien, j’ai voulu explorer les confins de la métropole bordelaise pour découvrir certains paysages que je connaissais peu et qui sont susceptibles d’évoluer dans quelques années. J’ai suivi approximativement les limites administratives territoire métropolitain, en me laissant porter par le hasard des routes et des chemins, à la recherche d’espaces intermédiaires entre le bâti et les espaces verts, ruraux ou aménagés. J’ai tenté de restituer des environnements où l’urbanisation apparait comme une rumeur, plus ou moins proche. J’ai découvert lors de cette excursion autour de chez moi un territoire contrasté avec certains lieux où la ville commence à grignoter la nature, d’autres où la frontière entre les deux est aménagée et parfois traversé des paysages que l’on pourrait croire encore ruraux si l’on n’entendait pas au loin le bruit de la circulation.

www.kommunalka-studio.fr

Eïas

Cdanslaboite mercredi photographique bordeaux métropole gironde nouvelle aquitaine Chorale EÏAS

EÏAS est une chorale de femmes engagées qui vous invite à voyager en terres latines autour d’un répertoire féministe et révolutionnaire.


Mercredi Photographique 28 juin 2017 de 18h00 à 22h30
Au Hangar en Bois – 17 rue Vieillard –  Bordeaux
Entrée libre

Organisé par Cdanslaboite
Vous pourrez, si vous le souhaitez, commencer ou renouveler votre adhésion à l’association.
www.facebook.com/LesMercredisPhotographiques