Les 15 ans de Cdanslaboite

Du Mercredi 26 au Dimanche 30 Juin 2024
Hôtel de Ragueneau – 71 rue du Loup – Bordeaux

À l’occasion de son 15e anniversaire et de son 60ème Mercredi photo, Cdanslaboite propose une programmation exceptionnelle du 26 au 30 juin prochain à l’Hôtel de Ragueneau.
15 années d’expositions et de projets favorisant l’émergence et l’accompagnement de la photographie d’auteur, tout en créant un véritable espace de rencontre et d’échange avec un public fidèle et curieux. La programmation, à l’image de ces 15 dernières années, célèbre cette thématique du lien – celui qui nous unit et nous questionne – au travers des écritures poétiques, drôles et décalées des photographes exposé.e.s.

Corentin Fohlen

Il est l’invité des 15 ans avec deux séries :

Mon Oncle (…est un génie)

Au delà de raconter  l’amour et l’admiration que je porte à cet homme hors du commun – “l’original de la famille” -, il s’agit ici de narrer les aventures d’un véritable démiurge fascinant. Parce que j’ai toujours vu en ce parrain – qui petit me terrifiait par sa carrure et sa grande gueule de brute mal dégrossie – un être fantastique. Inspirant. Libre. A l’opposé des conventions.

Cette série est une ode à la Liberté, de celle qui vous enflamme et vous consume, celle qui fait face au futile, à la mesquinerie. La vraie liberté, celle qui élève le blasphème au rang d’étendard. La liberté n’est pas un vain mot, ni une facilité. C’est un combat de longue haleine, de toute une vie. Mon oncle est de ceux qui continuent de construire son monde. Sans limite si ce n’est les limites de l’esprit. Pour cela il faut se libérer, c’est un apprentissage, de tous les jours.

“Etre plus que soi-même est-ce possible ?”.

Cette phrase de mon oncle résume bien cette recherche. Etre soi-même c’est se limiter, aller au delà c’est se délivrer.

Parce qu’il est à la fois artiste, ingénieur, philosophe, fou-dingue mais doux-réaliste, scientifique, bâtisseur de sa vie et architecte de son environnement, poète, utopiste-pessimiste, libéral-anarchiste.

Mon oncle est un génie génial, c’est une évidence.

© Corentin Fohlen/ Divergence. France. Serie: Mon oncle (…est un genie)

La garde-robe

J’ai toujours connu mon oncle en tee-shirt noir, jean’s et gros godillots. Plus qu’une tenue, un uniforme. Son métier lui imposait des vêtements pratiques et résistants. Bien sur son éducation lui avait enseigné que l’homme vivait en pantalon et les femmes portaient des robes. C’était simple, chacun son accoutrement, son repère genré. La société n’aime pas le mélange des genres. Certains dès la naissance affublent leur nourrisson d’un ridicule noeud rose sur la tête de peur d’une confusion des sexes !

Au moment du mouvement des Gilets Jaunes – alors que le peuple remettait en question l’autorité – mon oncle lui remit en question un dictat vestimentaire. Engagé dans les manifestations, mais souhaitant s’y investir différemment, il déniche une robe jaune fluo et décide de la porter durant tout le parcours. Les réactions l’étonnent, les sensations le titillent, il découvre une liberté jusque-là inconnue. Ce n’est pas tant la provocation qui l’excite mais la découverte d’un monde qui jusque là lui était interdit.

Mon oncle – le mâle alpha par excellence – se métamorphose : de chenille, il passe papillon. Sa mue l’épanouit, l’émancipe. Il abandonne ses pantalons et se met à coudre ses propres robes. Pour autant il ne cherche pas non plus à rentrer dans un nouveau moule : celui de ressembler à une femme ou de copier tous les attributs féminins eux-mêmes stéréotypés. Il continue de garder ses vieilles chaussures tout terrain

Le regard posé sur lui est toujours surprenant. On hésite à le prendre pour un travesti, un clown ou un provocateur. Il n’est aucun des trois. Il est juste libre d’expérimenter un désir profond.

© Corentin Fohlen/ Divergence. France. Serie: La garde-robe

Les Mercredis Photographiques #60

© Charlotte Audoynaud

Charlotte Audoynaud, J’irai creuser la mer / Les lucioles

Mes oiseaux sont innocents, ils n’ont pas connu la perte, l’absence, le manque. Ils sont vie et joie, mais aussi colère et larmes. Ils sont forts et fragiles à la fois.

Naufragés échoués d’un matin d’automne, ils évoluent dans un équilibre précaire, de roche en roche, de failles en creux, dans un brouhaha silencieux d’écume.

Là un paysage rocheux, une plage isolée leurs servent de remparts, territoire inespéré de jeux, d’expérimentations. Ils explorent, grimpent, observent. Une falaise infranchissable, une mer infinie comme frontière, ils sont seuls au monde.

Un refuge tellurique et marin, récif escarpé d’une île imaginaire où tout est à construire.Un monde auquel je n’ai plus accès.
Depuis le seuil j’en sonde les contours, les strates qui se mêlent, le sable qui remonte et l’océan qui fuit…

© Camille Ropert

Camille Ropert, Limnées

Dans la mythologie grecque, « les limnées » sont les nymphes des eaux douces. Entre le 15e et 19e siècle, la communauté des artistes peintres occidentaux, majoritairement masculins, impose une vision unilatérale dirigée par leur fascination : la beauté d’une femme. Ils s’intéressent au désir qu’elle déclenche mais aussi à leur propre domination. La femme est perçue comme un être fragile qui ne se suffit pas à elle-même. Toutes ces descriptions datant d’une autre époque n’ont jamais réellement disparu de l’imaginaire collectif.

A mi-chemin entre le documentaire et la mise en scène, le projet suit le parcours initiatique de femmes cis, trans et personnes non binaires reconnaissant une part de féminin en elleux. Ensemble, iels se sont porté.e.s volontaires pour camper le rôle de nymphes en s’immergeant sous l’eau. Mon travail emprunte des codes datant des peintures de la Renaissance tout en mobilisant la théorie du female gaze et l’approche phénoménologique. J’ai fait le choix de me concentrer sur l’expérience vécue d’un corps, et sur le fait qu’il soit habité par des émotions et des intentions. Le projet s’articule à travers le prisme de l’aliénation et de l’émancipation. Je le construis en tenant compte des contradictions existantes au sein du processus de libération. Je m’attache aussi à faire ressentir l’expérience du féminin, notamment par l’utilisation d’une substance rouge pouvant amener à la fois l’idée de la violence subie ou celle créée par les luttes menées – des menstruations ou d’un passage, une métamorphose. L’intégralité des prises de vue ont été effectuées dans un lac. J’ai pris le parti de me servir de la lumière naturelle et d’être tributaire des conditions météorologiques, en assumant l’impact que ces phénomènes produisent sur le milieu aquatique.

© Maxime Michelet

Maxime Michelet, Mes sœurs et mes frères

Dans les albums de familles, les premières photos, épreuves et preuves de nos existences, ne nous racontent pas seuls… Nus au bain, sous le sapin, sur le sable, portraits endimanchés, elles nous mettent en scène aux côtés de celles et ceux qui partagent, par l’intime et par l’âge, notre monde.

Partant de ce constat, Mes sœurs et mes frères recrée quelques-uns des moments, bêtises ou sacrements qui, du début à la fin, font la vie des fratries. Du repas au jeu, du jardin au canapé, du rire au deuil, les temps complices ou solennels renaissent sous forme de tableaux exaltant la fraternité et la sororité.

La conjonction de ces multiples scénettes dessine alors un monde : un monde de sangs liés, de rivaux pourtant alliés, de nos derniers soutiens, parce qu’ils étaient là les premiers.

Avec chaque fratrie s’est fait un choix de mise en scène capable de symboliser les liens singuliers qui les unissent. Ainsi immergé dans ces récits familiaux, une fratrie en apportant une autre, j’ai vu se tisser un réseau fait d’amis, de cousins, des sœurs de ces amis, des frères de ces cousins, puis les sœurs de ces frères et les frères de nos sœurs…

Alors, projetée dans une toile dépassant les tableaux, la fraternité a pris un sens ultérieur.

Parallèlement aux expositions des photographies, deux films seront diffusés :

  • Les 15 ans de Cdanslaboite : un film retraçant les expositions, rendant honneur aux équipes et projets menés par l’association et ses bénévoles depuis 15 ans pour promouvoir, faire connaître et soutenir les photographes auteurs.
  • 60 Mercredis Photographiques : Une rétrospective sélectionnée en projection de la manifestation depuis sa création en 2012.

Inauguration le Mercredi 26 Juin à 18h (jusqu’à 21h)
Jeudi 27 juin : ouverture de 11h à 19h
Vendredi 28 juin : ouverture de 11h à 19h
Samedi 29 juin : ouverture de 11h à 19h (Médiation à 14h)
Dimanche 30 juin : ouverture de 11h à 19h


Les 15 ans de Cdanslaboite à :
Hôtel de Ragueneau
71 rue du Loup
33000 Bordeaux