« IN/OUT est une rencontre entre le rythme des mots et le chant des percussions, entre la poésie et la musique, l’écriture et l’improvisation, les extérieurs et les intérieurs.Lors d’une autre saison de concerts nomades, nous avions convié l’autrice Elsa Gribinski à écrire des textes sur différentes agapes sonores concoctées par Einstein on the Beach. Ce sont des poèmes, alors, qui ont poussé là. Mais s’ils étaient écrits, ces textes devaient être lus en direct. Une collaboration s’est alors dessinée avec un autre poète du son, un amoureux du silence et des bruits doux, le percussionniste Didier Lasserre. IN / OUT se développe peu à peu, pas à pas, et déjà se trame une complicité corollaire avec Bruce Milpied, photographe errant qui a longtemps suivi les aventures d’Einstein on the Beach, et dont les clichés constellent ce programme comme des étoiles brillantes dans le quotidien. »
Samedi 21 mai 2022 à 16h à la Maison Bourbon / Pôle Image ; Participation libre
Jean-Michel Becognée Nicolas Camoisson Françoise Chadaillac Jean-Michel Dauba Antoine Delage Loïs Mugen Lîlâ Mei Marion Parent Philippe Roussel
Projection et Apéro photos #3 en présence des photographes Jean-Michel Dauba, Antoine Delage et Loïs Mugen le samedi 30 avril de 18h à 21h30 à l’Hôtel de Ragueneau.
Nous vivons dans une toile d’araignée confuse de fictions qui ne nous permettent pas de récupérer le point initial de la réalité primitive. » dit Joan Fontcuberta
Au cours d’un séjour, en 2019, dans la région des Pouilles en Italie, à Bari et Monopoli, j’ai saisi ces images. Elles n’ont pas fait partie d’un projet documentaire précis, mais prises en fonction du lieu et de mon état d’esprit, du plaisir photographique qu’elle portaient. La seule arrière pensée était vaguement de constituer un corpus pouvant m’évoquer les légendes que cette région convoquait.
Bien sûr c’est après coup, après décantation et maturation, que l’idée d’une pure fiction, proche d’un conte moderne s’est construite.
Ce conte émotionnel, propice à faire ressurgir de la mémoire des bribes de légendes enfouies, n’est pas écrit définitivement, il reste à imaginer par le visiteur. Il est souvent différent pour moi aussi, suivant l’humeur qui me tient chaque fois que j’en fais une sélection.
Les pratiques photographiques tournent souvent autour des notions d’instant, de durée, interrogeant la question d’une temporalité. La photographie offre l’illusion d’un temps suspendu, un rêve d’éternité. Lorsqu’on s’avance dans des conceptions oniriques ou imaginaires on met à mal toute cette temporalité propre à la photographie.
Il faut donc quitter la ligne de vie du temps pour plonger dans ce conte photographique.
L’indépendance de l’Estonie est proclamée le 22 août 1991 à 23h03, le pays vivra désormais en dehors de l’Union Soviétique. Trente ans plus tard, le territoire s’est métamorphosé mais les vestiges de cette invasion sont encore visibles; prisons, obus et chars communistes s’entrelacent avec une aura cosmopolite. Les trois dernières décennies ont créé une nouvelle génération post-soviétique pourvue d’une identité occidentale et ouverte sur le monde. Une génération qui fait face aux reflets de son passé au travers d’une culture d’altérité.
L’Estonie m’a captivé. J’ai découvert l’identité surprenante de son peuple qui, au fil des siècles, s’est construit en s’adaptant aux invasions successives des nations voisines. Le thème de cette série s’est imposé de manière évidente tant le passé du pays y est visible et son présent teinté d’une atmosphère mélancolique. Les couleurs s’entrechoquent mêlant ainsi ces deux époques.
Cette série fait la continuité de mes dernières réalisations où les corps ne se dévoilent pas entièrement et les regards et les regards sont fuyants. Dans ces tirages, l’anonymat des personnages laisse alors libre place à notre imagination, nous nous identifions puis ressentons ces vies, comme si à Tallinn, Tartu, ou Pärnu nous étions.
Début 2020. Une pandémie s’abat sur le monde et des milliards d’êtres humains se retrouvent claquemurés chez eux. Alors pour beaucoup un étrange retour aux sources s’effectue. Retour à la maison familiale dans le hameau de Saint Germain. Il faut réapprendre les codes de la vie en ruralité. Là-bas le virus est une lointaine chimère. Pas de masque dans les petites ruelles. Les quelques habitants se croisent, se saluent et discutent comme si tout ceci ne les concernaient pas. Comme si l’écran de télévision d’où sortent les images d’un monde suspendu les protégeait.
Le temps passe impassiblement. Loin du bruit et de la fureur. Ici on s’occupe de la reconstruction de l’ancien poulailler. Là, une parcelle de plusieurs hectares est clôturée pour accueillir des chevaux. Des gestes ressurgissent, pourtant oubliés après l’exode citadin. L’automne enfin.
Puis l’hiver. Le poêle à bois crépite libérant enfin le feu de son long sommeil. Et dans cette grande et vieille maison résonnent les rires. La vie continue son cours.
Nous sommes à présent en 2021. Le monde n’est plus suspendu. Il est temps de rentrer.
Jean-Michel Becognée Nicolas Camoisson Françoise Chadaillac Jean-Michel Dauba Antoine Delage Loïs Mugen Lîlâ Mei Marion Parent Philippe Roussel
Projection et Apéro photos #2 en présence des photographes Jean-Michel Bécognée, Nicolas Camoisson et Lîlâ Mey le samedi 23 avril de 18h à 21h30 à l’Hôtel de Ragueneau.
Jean-Michel Bécognée, De Lviv à Przemysl, l’exode. Mi-mars 2022
Mille deux cents personnes quittent l’Ukraine chaque heure. Un enfant passe la frontière toutes les deux secondes. Neuf personnes sur dix sont des femmes ou des enfants. A cinq cents kilomètres du front, personne n’est à l’abri. Yavoviv, proche de la Pologne a été bombardée cette nuit. Dans deux jours ce sera l’aéroport d’Horodok. Dans une semaine le centre ville de Lviv. Dans le train qui nous mène à la frontière un silence glaçant. La guerre est partout.
Cette série sur la ville de Fez fait suite à deux résidences avec l’institut français. Composée comme un parcours dans la ville, une rencontre avec un Maroc entre modernisme et tradition. Dans une ville de Fez, qui se partage, elle aussi, en deux parties : la ville moderne et la médina. Deux entités qui se côtoient, se mélangent, ne font qu’une !
J’ai gardé en mémoire les silhouettes arquées des coupeurs de cannes dans l’aube encore fraîche des matins rose de juillet. Les salazes plongés dans l’ombre qui scrutent les levers de Soleil sur cet océan d’huile, parfois troublé par les sauts des baleines à bosse. La rumeur du vent qui soulève avec la montée de l’astre et l’odeur sucrée de la bagasse s’échappe de l’usine en contrebas, cachée derrière les hauts palmiers. Loder mon péï. La terre calme qui se réveille sous les caresses des sabres. Il reste quelques minutes avant le jour. L’enfant noctambule se laisse encore porté par les chimères aux corps intelligibles, ses grands yeux céladon ouverts derrière ses paupières. Les dos se redressent dans le champ de cannes. La brise se tait. Les chimères se cachent sous les pupilles de l’enfant. Alors, le jour se réveille, s’étire et lève ses couvertures de cirrocumulus. Soudain, le ciel s’ouvre.